VOD ON DEMAND par Isabelle Serfaty-Bloch

VoD sur ordinateur: Pour un player universel

Vous ne l'ignorez pas, je suis une Mac User, une vraie fan de la marque à la pomme. Néanmoins, je travaille également sur PC et je peux ainsi tester les différentes plates-formes de téléchargement de VOD sur ordinateur, disponibles sur le marché. Et bien, croyez-moi, ce n'est pas évident. La raison? Les players (lecteurs): ces petites applications qui permette de regarder le programme vidéo téléchargé, sur son ordinateur. Ils sont donc incontournables pour la lecture d'une vidéo. Le problème, c'est que la plupart des plates-formes ont développé le leur. Donc, si vous souhaitez voir des programmes à partir de plusieurs plates-formes, sachez qu'il vous faudra au préalable, télécharger l'outil de chaque opérateur. Prévoyez donc, de la place sur votre disque dur (car certains sont assez lourds), du temps (cela peut prendre parfois une dizaine de minutes) et....quelques désagréments. Pour vous écrire ce petit billet, j'ai dû m'y reprendre à deux fois car le téléchargement et l'installation de l'un deux a provoqué purement et simplement l'extinction de mon ordinateur et donc la perte de mes données non sauvegardées. Mais ce n'est pas tout, l'accumulation de ces différents players sur un même ordinateur, peut provoquer des disfonctionnements des uns ou des autres. Une sorte de "court-circuit". Cela peut devenir très rapidement frustrant. Je connais certaines personnes de mon entourage, curieuses de tester le service VoD qui ont finalement renoncé, car elles n'avaient pu, ou  su, installer le lecteur. Certes, on voit ça et là des efforts de pédagogie mais cela ne suffit pas.

Alors je pose la question: à quand un player universel compatible avec l'ensemble des plates-formes? A quand un outil simple qui favorisera ce mode d'utilisation ? Utopie, me direz-vous. Les opérateurs ne voudront jamais car ils souhaitent rester propriétaire de leur outil. Et pourtant, cette démarche me semble aller dans le sens de ce qu'ils souhaitent : offrir au plus grand nombre ce nouveau service.

Quel est votre avis sur la question?

Les derniers chiffres de la VOD dans le monde

Pour ceux qui en doutaient encore, la VOD rentre lentement mais sûrement dans les usages de consommation, pour les utilisateurs du monde entier. Le marché de la Vidéo à la demande devrait générés à l'horizon 2011 des revenus approchant les 11,4 Milliards de dollars, avec 435 millions de foyers éligibles. C'est en tout cas ce que prévoit une étude réalisée par le cabinet anglais Informa.

Ces chiffres sont extrêmement prometteurs même si je l’avoue, j’ai toujours du mal à comprendre comment il est possible de faire de telles projections sur un marché aussi complexes et étendu. Mais bon, c’est un autre débat.

Selon cette étude, ce sont les Etats-Unis et le Canada qui se taillent la part du lion puisqu'ils devraient générer 46% des revenus avec seulement 27% d'utilisateurs. La raison : une consommation importante de programmes sportifs et de cinéma (les deux thèmes dominants), devant les séries et les programmes jeunesse, largement exploités sur un modèle associant SVOD (VOD par abonnement) et Free VOD (financé par la publicité) qui favorise la fidélisation. Ce chiffre n’a rien d’étonnant quand on connaît l’appétence particulière des nord-Américains pour les programmes audiovisuels et leur avancée en termes d’usage et de Time-Shifting.

La zone Asie/Pacifique arrive en 2ème position avec seulement 12% de revenues alors qu'elle représente 45% du chiffre global des utilisateurs. Ces chiffres s'expliquent d'une part, par les prix pratiqués localement, qui sont inférieurs à ceux de l'Amérique du Nord et d'autre part, par la montée en puissance du marché chinois sur ce secteur. En termes de contenus, la tendance s’oriente vers les programmes, dit « ethniques », produits localement.

En Europe, c'est le Royaume-Uni qui fait la course en tête, devant la France et de loin, puisqu'on évalue à 480 millions de dollars leur revenus générés par la VOD contre 241 millions de dollars pour notre marché national. Il est vrai qu'en France, le sentiment que la VOD tarde à vraiment prendre son envol est renforcé par les annonces successives de négociations avortées, principalement entre les FAI et les ayant droits dans un environnement complexe où les intérêts divergeants des uns et des autres (producteurs, diffuseurs, agrégateurs, opérateurs) retarde son décollage. Mais la saine concurrence qui s’exerce notamment au niveau des FAI devrait favoriser à terme l’éclosion d’un marché à gros potentiel pour l’ensemble de la chaîne de valeur. L’arrivée prochaine d’Apple et son service VOD iTunes, s’affranchissant de la chronologie des medias, devrait également bousculer les acteurs et les obliger à conclure un accord.

Après TF1 Vision, CanalPlay se lance dans le Download-to-burn

Canal Play, teste une nouvelle offre VoD en lançant le Téléchargement définitif avec Gravure directe. Aux Etats-Unis, cela s'appelle le "Download-to-burn". C'est la première fois qu'il sera possible de graver soi-même, une copie - unique -, à partir de son PC, un programme téléchargé qui pourra être lu de façon illimité. En revanche, il n'est pas prévu de pouvoir le transférer sur un player portable.

Cette offre parait certes, innovante, mais je ne suis pas convaincue de son intérêt pour le client. Tout d'abord le prix de 10 euros me parait élevé par rapport au prix moyen que l'on observe chez les cybermarchands pour un DVD, d'autant que la plupart des titres proposés sont loin d'être récents. Le catalogue est très limité et n'y figure pour l'instant, aucun blockbuster. De plus, le fait que le fichier ne puisse pas -a priori - être transféré sur un PMP (Portable Media Player) limite sa praticité. Elle pourrait en revanche, être intéressante, si les films sont mis à disposition pour téléchargement, parralèllement à leur sortie en DVD, comme c'est le cas pour la musique avec une version cd et une version téléchargée à un prix inférieur. De plus, les ayants-droits peuvent capitaliser sur les dépenses promotionnelles dédiées. Bref, je trouve cette offre, en l'état, incomplète. Peut-être trouvera-t-elle un public. A suivre...

TF1 a déjà tenté une expérience comparable, cet été avec Universal, en proposant aux clients de TF1 Vision de recevoir en complément du téléchargement de 2 fichiers de King Kong (à conserver sur les disques durs de PC et lecteur nomade), un dvd par la poste, comme copie de sauvegarde lisible sur une télévision. C'est le Download-to-own. Ce test avait pour but d'évaluer la façon dont le client conserve son produit, soit sur une galette ou sur un Disque Dur. Universal n'en était pas à sa première expérience de ce type en Europe, puisqu'un accord avait été passé, au Royaume Uni avec Lovefilms, avec une offre approchante. Ce "3-copies DTO model" est testé sur différents marchés. Universal est convaincu que le client de cinéma est attaché à l'objet. Mais est-ce vraiment de la VoD? Ne serait-ce pas plutôt de la vente de DVD avec comme valeur ajoutée, la possibilité de "lire" un film sur d'autres supports. Car, en matière de VoD, le point de vue de Universal Studio est intéressante. En effet, il distingue la VoD qu'il assimile à de la location, du téléchargement définitif, qui correspond à de la vente dématérialisée. Ce sont deux modes de consommations différents qui, donc, obéissent à deux fenêtres d'exploitation différentes. Cette vision se retrouve jusque dans leur organisation puisque le département vidéo est en charge du Téléchargement définitif et celui de la télé est en charge de la VoD en streaming. Ils obéissent donc bien à deux logiques différentes. Pour l'instant, Universal penche plutôt pour la première option, attaché à l'idée que le cinéma n'est pas un produit périssable et que pour s'inscrire dans la durée il ne doit pas être virtuel. Quel est votre point de vue?

Qui sont les utilisateurs de VOD en France?

En septembre 2006, NPA Conseil a présenté une étude sur la perception de la VOD auprès des Français. Il en était notamment ressorti que 18% des Français déclarent connaître la Vidéo à la demande, ne serait ce que de nom et seuls 1 % avait déjà utilisé l'une de ces plates-formes. Les jeunes, de 18 à 34 ans, les hommes et les cadres supérieurs étant les plus nombreux à connaître le terme et figurent parmi les "early adopters". Une nouvelle étude, commandée par le CNC (Centre National du Cinéma) et menée par Novatris, présente les résultats d'une étude sur les pratiques des Français en matière de vidéo à la demande. Cette étude a été menée exclusivement en ligne entre le 25 octobre et le 13 novembre 2006 auprès de 3 761 individus âgés de 15 ans et plus.
Premiers enseignements: 63% des internautes ont déjà entendu parlé de la VOD. 29,4 % sont déjà allé sur un service de VOD et 4,4% ont déjà téléchargé un programme. Ils ont entre 25 et 34 ans, sont des hommes et appartiennent à la catégorie CSP+.
Plus de la moitié de ces utilisateurs se recrutent parmi les habitués des salles de cinéma (c'est à dire qu'ils y ont vont au moins une fois par mois)et les consommateurs de DVD (28% ont acheté un DVD dans le mois).
En VOD, ils ont acheté en moyenne, 2,2 programmes au cours des 3 derniers mois. Pour les 2/3 il s'agit de films dont la moitié sont des œuvres récentes. 31% de films français pour un tiers de films américains.
Plus de 2/3 téléchargent un programme qu'ils n'avaient pas prévu de télécharger en venant sur le site.
En termes de satisfaction, sur les 8 propositions citées, ces consommateurs placent en premier celle de télécharger légalement (93%), la liberté de consommer, la découverte de nouveaux programmes.
86% se déclarent satisfaits de l'ergonomie des sites, 82% de la durée de visionnage qui leur était allouée et 81% du temps pris pour le téléchargement.
En revanche, plus de la moitié sont insatisfaits des prix et considèrent que l'offre est encore trop restreinte. Toutefois, la quasi totalité des utilisateurs déclarent qu'ils vont continuer à utiliser ce type de service. La moitié des non-utilisateurs indique qu'ils sont prêts à utiliser un service VOD. En revanche, il n'est pas précisé si les internautes consommateurs de VoD le sont via l'ordinateur ou via les FAI.

Ces études montrent bien qu'il y a un marché mais qu'il y a encore beaucoup de travail pour promouvoir ce service auprès des utilisateurs potentiels. De plus, des freins existent pour que la demande explose.

Les Britanniques plébiscitent la Vod... sur leur téléviseur

En rachetant, HomeChoice, un acteur de la télévision sur ADSL au Royaume Uni pour 60 millions de livres en août dernier, Tiscali avait pour ambition de dérouler sa stratégie d'expansion sur le marché européen, en misant notamment, sur le secteur de la Vidéo à la demande. A peine, six mois après, ce n'est plus d'actualité. En effet, l'entreprise italienne a adressé un memo de vente à des repreneurs éventuels dont BT (son principal concurrent), Sky ou Orange, pour, si ce chiffre est confirmé (car cela me parait énorme), 600 millions de livres sterling.

Néanmoins, il y a plusieurs mois, Tiscali avait commandé un sondage ( sur un échantillon de 1400 personnes) pour mieux connaitre le marché de la VoD au Royaume Uni. Son étude est aujourd'hui publiée dans son rapport annuel sur les tendance de la télévision. Et les résultats sont très intéressants: 2 tiers des sondés se disent très intéressés par la VOD à la télévision via l’ADSL, l’ordinateur ne remportant pas beaucoup de suffrages. 63% se déclare prêt à abandonner le modèle traditionnel pour s’orienter vers celui de télévision à la demande et 42% pense même que la télévision traditionnelle n’existera plus à l’horizon 2016. 17% affirme déjà regarder des programmes en VOD, essentiellement sur leur écran de télévision, via le cable et 42% d’entre eux déclarent même avoir réduit leur « consommation » de télévision (contre 41%), puisqu’ils choisissent les programmes. Ces utilisateurs déclarent surtout apprécier la liberté de choix qu’offre ce nouveau mode de diffusion.

En faisant réaliser ce sondage, Tiscali souhaitait, à l'époque étayer ses données concernant un marché très prometteur et affirmer ses ambitions face à BT qui a lancé son service de VOD, BT Vision,en décembre dernier (voir ma note sur le sujet) et aux autres concurrents et misait sur un tiers des 1,4 millions d’utilisateurs de TV sur ADSL du Royaume Uni. Le projet, aujourd'hui avorté, était ambitieux, car sa filiale HomeChoice ne recensait que 50 000 utilisateurs sur l’agglomération londonienne, sur un marché potentiel de 2 000 000 de foyers. Tiscali visait 500 000 abonnés pour 2009, alors que BT, ambitionne pour sa part, d’atteindre les 3 000 000 d’abonnés pour la fin de la décennie. Tiscali, aujourd'hui sorti, laisse un boulevard à BT sous réserve que ce dernier mette le paquet sur le choix des contenus. A suivre....

Quelques chiffres clés de la VoD en 2006

Selon le cabinet NPA Conseil, 2 millions de Vidéos à la demande ont été vendues au premier semestre 2006. NPA Conseil estime que 5 à 10 millions de vidéos devrait avoir été vendues sur l'ensemble de l'année 2006 avec un volume d'affaire évalué entre 10 et 20 millions d'Euros. J'ignore si ces estimations seront confirmées mais le marché est loin d'être mature.

La redevance est-elle soluble dans la VoD: Le cas de France Télévision (2)

Il y a peu, j'ai publié une note sur le portail de VoD de France Télévision et les questions que son offre payante soulève quant au respect des engagements du Service Public en contrepartie de la redevance. Je vous invite à lire cet article très complet sur la question ainsi que les commentaires sur le forum. J'attends vos avis car tout peut se discuter!

La redevance est-elle soluble dans la VoD: Le cas de France Télévision

Le portail VoD de France Télévisions est en ligne. Normal d'autant que la Vidéo à la demande n'est pas vraiment une nouveauté pour France Télévision. Cela fait quelques temps maintenant que les sites des différentes chaînes du Groupe propose la diffusion en streaming de certaines de leurs émissions phares tel qu'Arrêt sur Images ou Ripostes sur France 5, ou en encore les différents journaux télévisés ou Envoyé Spécial sur France 2. Francetvod.fr a donc pour fonction de regrouper l'ensemble de l'offre VoD du Groupe France Télévisons et se veut être une "offre supplémentaire aux oeuvres et programmes des chaines de France Télévisions". Il est organisé par grandes thématiques et propose 600 programmes gratuits et 350............... payants.
J'avoue qu'il y a quelque chose qui me chiffone là-dedans. Le principe du service public est d'offrir aux plus grand nombre, en contrepartie du paiement de la redevance, des programmes de qualité. Or proposer un service de Vidéo à la Demande payante pour partie, va à l'encontre de ce principe. D'autant plus, que ce service n'est exploitable que sous Windows avec DRM. Les Mac et Linux Users sont à nouveaux "oubliés". On peut à la rigueur comprendre qu'une chaine commerciale comme TF1 ou M6 fasse un choix économique en totale liberté mais il parait bien léger de la part de France Télévisions d'avoir ignoré le cadre législatif et déontologique dans lequel il doit opérer.

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